Depuis 2011, la Russie et les États-Unis adhèrent aux directives du nouveau Traité de réduction des armes stratégiques (nouveau START), le considérant comme un accord pratique important pour le contrôle des armes nucléaires stratégiques. A la date du 5 février 2018, les deux parties devront respecter les limites imposées par le Traité sur les armes nucléaires stratégiques offensives, qui permettent à chaque partie de disposer d’un arsenal de 1 550 têtes nucléaires et de 800 lanceurs et bombardiers déployés et non déployés.
Il n’y a pas si longtemps, les analystes des médias américains demandaient à ce que le traité soit prorogé de cinq ans supplémentaires après son expiration en 2021, c’est-à-dire pour le maintenir en vigueur jusqu’en 2026.
Mais un certain nombre de questions liées aux problèmes de contrôle des armements russo-américains restent non résolues, allant de la défense antimissile à la prévention des incidents sous-marins impliquant des sous-marins, et bien plus encore.
La proposition d’étendre le nouveau START pour cinq autres années et de rédiger un nouveau traité START IV pourrait gagner du terrain si elle était considérée indépendamment des autres problèmes qui affectent fortement la stabilité régionale et mondiale. Cette proposition mériterait plus d’attention si un véritable «partenariat stratégique» existait entre Moscou et Washington – ainsi, dans l’atmosphère de confiance totale qui en résulterait, il n’y aurait pas d’approche diamétralement opposée pour résoudre de si nombreux problèmes internationaux urgents.
Mais malheureusement, rien de tout cela n’a été évident durant de nombreuses années. La relation entre la Russie et les États-Unis est actuellement dans un état de crise profonde. Washington a déclenché la Guerre froide 2.0 contre la Russie et, contrairement à la phase initiale de ce conflit (1945-1991), elle a pris une dimension entièrement nouvelle et plus dangereuse.
Naturellement, Moscou est prête à considérer les propositions officielles de Washington pour étendre le nouveau START, mais seulement si elles passent par les canaux officiels et non par les médias ou via les rangs des scientifiques et des chercheurs, parce que l’article 14 de ce traité stipule la bonne procédure à suivre.
De plus, on pourrait dire que du point de vue de la stabilité mondiale, il semble stratégiquement dangereux de fixer des limites qui seraient contraignantes jusqu’en 2026 sur les lanceurs, les bombardiers et les ogives, et aussi de poursuivre dans la voie d’autres réductions dans le cadre d’une sorte de nouveau traité (le plus récent START), pour les neuf raisons suivantes:
Une fois que les exigences du nouveau START auront été satisfaites en février 2018, la Russie aura effectivement épuisé ses options pour poursuivre les négociations avec les Américains afin de réduire les armes offensives stratégiques sur une base bilatérale.
Dans la même veine, tous les États nucléaires devraient être associés à un processus de négociation correspondant. Tout d’abord, cela devrait concerner la Grande-Bretagne et la France – les principaux alliés nucléaires des États-Unis, qui ont des engagements réciproques dans la mise en œuvre de la «dissuasion nucléaire offensive inconditionnelle.» Pour calculer comment équilibrer les capacités nucléaires futures de la Russie face aux trois puissances nucléaires occidentales, il faudra prendre en compte l’arsenal nucléaire combiné du Royaume-Uni, des États-Unis et de la France, afin de s’assurer que l’ensemble ne l’emporte pas sur le potentiel nucléaire de la Fédération de Russie.
Les commentateurs occidentaux essaient de répandre des rumeurs selon lesquelles les Russes ont déjà pris la décision d’étendre le nouveau START. Mais ce n’est pas le cas. Aucune décision de ce genre n’a encore été prise. Ils réfléchissent toujours à leurs positions sur cette question. Telle était la déclaration officielle russe le 20 octobre à la session plénière de la Conférence de non-prolifération de Moscou.
L’establishment militaire américain devra s’habituer à l’idée qu’il est futile d’exercer une pression médiatique sur la Russie en matière de désarmement et que tout effort supplémentaire pour progresser doit commencer par des mesures visant à restaurer la confiance mutuelle perdue, et s’attaquer aux nombreux problèmes de maîtrise des armements en question qui influent sur l’équilibre stratégique des puissances entre Moscou et Washington.
Par Vladimir Kozin, Source: Réseau International